Barnier dégaine le 49.3 : LFI et le RN voteront la censure

[Article publié lundi 2 décembre 2024 à 15h21, mis à jour à 17h32] En dépit de nouvelles concessions au RN sur les médicaments , Michel Barnier a finalement décidé de dégainer l’article 49.3. Et ce, a u risque d’une motion de censure qui pourrait le faire tomber, à moins d’une dernière concession au Rassemblement national sur la revalorisation des retraites.

« Nous sommes parvenus à un moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités », a prévenu le Premier ministre, à la tribune de l’Assemblée, peu avant d’engager officiellement la responsabilité du gouvernement.

« C’est maintenant à vous, députés, parlementaires de la Nation, de décider si notre pays se dote de textes financiers responsables, indispensables et utiles à nos concitoyens. Ou alors si nous entrons en territoire inconnu. (…) Les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la Nation », a notamment ajouté Michel Barnier.

🔴🏛️ [Direct] Budget de la Sécu : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de retour à l’Assemblée nationale. Séance stratégique et décisive pour le gouvernement menacé de censure.

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Vote d’une motion de censure par LFI et le RN

Peu après l’allocution du chef de l’exécutif, La France insoumise a officiellement déposé une motion de censure en réponse au 49.3 engagé par le gouvernement. Le vote de celle-ci est prévu mercredi.

Le Premier ministre Michel Barnier « aura ce mercredi à la fois le déshonneur et la censure », a déclaré la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot devant la presse. Même son de cloche de la part d’Olivier Faure, premier secrétaire du PS : « Avec le passage en force du budget par 49.3, le gouvernement se refuse au dialogue et s’entête à maintenir toute une série de mesures qui auront un effet délétère sur la vie quotidienne des Françaises et des Français. Nous censurerons le gouvernement Barnier dès les prochains jours. »

Sur la même position, la présidente du RN a annoncé qu’elle « votera la censure » du gouvernement. « Nous voterons cette motion de censure et en premier lieu la nôtre », a-t-elle précisé. Avant d’ajouter que « Monsieur Barnier n’a pas souhaité répondre à la demande des 11 millions d’électeurs du Rassemblement national (…) Il a dit que chacun assume ses responsabilités, nous assumerons donc les nôtres ».

Avec le passage en force du budget par 49.3, le gouvernement se refuse au dialogue et s’entête à maintenir toute une série de mesures qui auront un effet délétère sur la vie quotidienne des Françaises et des Français.

Nous censurerons le gouvernement Barnier dès les prochains… pic.twitter.com/DLQNKLrNSP— Olivier Faure (@faureolivier) December 2, 2024

Le camp de Macron déplore la situation

De son côté, Gabriel Attal, chef des députés macronistes, déplore au contraire la situation : « Nous sommes face à des députés socialistes, insoumis, écologistes, communistes et issus du Rassemblement national prêts à mêler leurs voix pour plonger notre pays dans l’inconnu. »

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur du gouvernement Barnier, abonde dans ce sens : « En mêlant ses voix à l’extrême gauche et en s’enfermant dans une logique de chaos, Marine Le Pen montre qu’elle n’a d’autre objectif que son agenda personnel. »

Concession pas suffisante

Quelques heures auparavant, via un communiqué, le Premier ministre s’était pourtant « engagé à ce qu’il n’y ait pas de déremboursement des médicaments » en 2025. Ceci, alors que le gouvernement avait prévu de baisser de 5% le taux de remboursement.

Une concession faite au Rassemblement national, qui visiblement n’a pas suffit pour le moment. Pour rappel, le déremboursement de médicaments était l’une des « lignes rouges » du RN sur le budget, avec celui de la désindexation partielle des pensions de retraite. Dans son communiqué, Michel Barnier a aussi rappelé « l’importance et la nécessité impérieuse que la France se dote de textes financiers et d’un budget pour 2025 ».

Désindexer les retraites, autre ultimatum du RN

Sur ce dernier sujet, la président du RN et cheffe de fil de ses députés à l’Assemblée, a une nouvelle fois demandé au gouvernement, vers 15h ce lundi, de renoncer à la désindexation des retraites. Une condition ferme, si celui-ci souhaite échapper à la censure.

“Nous avons déposé un amendement sur le renoncement à la désindexation des retraites”, indique @MLP_officiel . “À charge pour le gouvernement de l’accepter ou de ne pas l’accepter”. #DirectAN #PLFSS pic.twitter.com/DwuaDmNsD3— LCP (@LCP) December 2, 2024

Dans cet élan, la patronne du RN a aussi indiqué avoir « déposé un amendement sur le renoncement à la désindexation des retraites » dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, dont l’adoption conduirait son groupe RN à renoncer à voter une motion de censure contre Michel Barnier. « On attend de voir la position du gouvernement » a indiqué à l’AFP une source au RN. Sur ce point: « S’ils ne bougent pas, on censure ».

Face l’incertitude politique, l’euro dégringole

L’euro est affecté par la situation politique tendue en France. Dans la foulée du dégainage par Michel Barnier du 49.3 sur le PLFSS, la monnaie européenne accusait le coup . Vers 16h10, la monnaie européenne tombait de 1,01% face au billet vert, à 1,0470 dollar, et perdait 0,21% par rapport à la devise britannique, à 82,87 pence pour un euro.

Si le gouvernement s’effondre, « cela pourrait entraîner des coupes budgétaires et d’autres mesures d’austérité susceptibles de nuire à la croissance économique » , analysait, auprès de l’AFP, Kathleen Brooks, de XTB, avant la séquence parlementaire de ce lundi après-midi.