[Article publié le lundi 02 décembre 2024 à 08h54 et mis à jour à 09h25] Ce n’est désormais plus une surprise. Le RN votera cette semaine la censure du gouvernement, en cas de recours lundi au 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale, a annoncé ce lundi matin sur RTL, Jordan Bardella.
« Le Rassemblement national actionnera le mécanisme du vote de l’arme de la censure, sauf évidemment, miracle de dernière minute, si Michel Barnier venait à revoir sa copie d’ici 15 heures. Mais j’ai peu d’espoir qu’il soit touché par la grâce », a déclaré le président du parti.
Le RN devrait ainsi voter une motion de censure avec la gauche pour faire chuter le gouvernement. « A partir du moment où Michel Barnier poursuit la politique de Macron, le RN censurera le gouvernement », a complété Jordan Bardella.
Pour rappel, l’Assemblée nationale se prononce à partir 15 heures en lecture définitive sur le budget de la Sécurité sociale, issu d’un compromis de la commission mixte paritaire dédiée. Faute de majorité, le gouvernement devrait annoncer son recours au 49.3 pour tenter de faire adopter son texte sans vote. Cela ouvrirait la voie au dépôt d’une motion de censure, qui pourrait être votée mercredi ou jeudi.
« Un budget de punition »
Le président du RN a justifié cette décision. « Le budget présenté par le gouvernement est un budget de punition, qui va ralentir très drastiquement l’activité économique de notre pays, fragiliser le pouvoir d’achat de nos compatriotes, notamment des plus modestes », a-t-il argumenté.
Après avoir obtenu que le gouvernement abandonne la hausse des taxes sur l’électricité et réduise l’aide médicale d’Etat (AME) pour les sans-papiers, le RN exigeait de nouvelles concessions, notamment sur la revalorisation des pensions de retraite ou un retour en arrière sur la baisse du remboursement de certains médicaments. Mais « le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin s’est exprimé hier en indiquant que le gouvernement n’entendait plus bouger », a constaté Jordan Bardella.
Par ailleurs, le parti présidé par Marine Le Pen à l’Assemblée nationale estime avoir été ignoré ces dernières semaines.
« Quand je vois que tout ce que nous avons proposé dans l’intérêt des Français, tous les amendements déposés ces dernières semaines sur le rétablissement des peines plancher, l’expulsion des étrangers… Tout a été sciemment méprisé et ignoré », a argué Jordan Bardella.
« Par respect pour mes électeurs, et dans l’intérêt du pays, je ne peux pas laisser passer un budget qui va alourdir la fiscalité de plusieurs milliards d’euros supplémentaires dans le contexte que vivent nos entreprises et nos compatriotes », a de nouveau insisté le président du parti. Avant de compléter : « Si le budget n’est pas adopté, c’est celui de l’an passé qui va être reconduit, avec 40 milliards d’euros de prélèvements obligatoires en moins ».
Le gouvernement « ouvert au dialogue »
De son côté, le gouvernement s’est dit « ouvert au dialogue » avec le RN. Mais pour trouver un compromis, « il faut être deux », a déclaré lundi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
« L’intérêt supérieur du pays, c’est que ce pays ait un budget et ne sombre pas dans l’incertitude », a-t-elle martelé sur Europe1/Cnews, prévenant que « chaque député » de gauche ou du RN votant la censure « aura à rendre des comptes dans sa circonscription ».
« A l’impossible, nul n’est tenu. Donc, si les uns et les autres ont décidé quoi qu’il en coûte de voter la censure, je n’ai pas, moi, les moyens de les en empêcher », a-t-elle constaté.
Maud Bregeon a néanmoins laissé entendre que l’exécutif pouvait évoluer sur le déremboursement des médicaments, une des lignes rouges du RN. Elle a notamment rappelé que les baisses de remboursements sur les médicaments ne figurent pas dans le budget de la Sécurité sociale sur lequel le gouvernement pourrait engager le 49.3
« Ce sera ensuite des mesures réglementaires à discuter », a-t-elle précisé, alors que le gouvernement a prévu de baisser de 5% le taux de remboursement des médicaments par la Sécu l’an prochain, tout comme la prise en charge des consultations médicales.