La France a connu un début d’année 2025 marqué par une réduction significative des dépenses publiques, conséquence directe de l’application d’une loi spéciale adoptée dans un contexte politique tendu. Ce dispositif d’urgence, mis en place après l’échec du vote du budget conventionnel, a engendré une diminution notable des crédits consommés par l’État en janvier.
Une baisse historique des dépenses publiques
Selon les données publiées le 4 mars par le ministère des Comptes publics, les dépenses du budget général effectuées en janvier 2025 ont chuté de 6,2 milliards d’euros par rapport à la même période en 2024, représentant une diminution de 16%. Les dépenses totales se sont ainsi limitées à 32,3 milliards d’euros.
Cette réduction substantielle, combinée à une progression des recettes fiscales, a permis de contenir le déficit mensuel de l’État à 17,3 milliards d’euros, contre 25,7 milliards en janvier 2024. Une amélioration significative qui témoigne de l’efficacité, au moins à court terme, des mesures restrictives imposées par la loi spéciale.
Un régime d’austérité né de l’instabilité politique
Cette situation exceptionnelle trouve son origine dans la crise politique qui a secoué la France fin 2024. Après la chute du gouvernement Barnier et en l’absence d’accord sur le budget, l’exécutif s’est vu contraint d’adopter une solution d’urgence pour assurer la continuité de l’État.
La loi spéciale votée en décembre 2024 par l’Assemblée nationale et le Sénat a ainsi permis à l’État de continuer à percevoir les impôts, à s’endetter et à effectuer certaines dépenses essentielles, notamment le paiement des fonctionnaires, évitant ainsi un “shutdown” à l’américaine.
Des restrictions budgétaires rigoureuses
Le texte adopté imposait des contraintes strictes : l’État ne pouvait engager, dans chaque domaine, des dépenses supérieures à celles prévues dans le budget 2024. Par ailleurs, Michel Barnier, puis son successeur François Bayrou, ont choisi d’appliquer ce dispositif avec rigueur, exigeant de tous les ministères qu’ils limitent leurs dépenses au strict minimum vital tant qu’aucun budget n’était formellement voté.
Comme l’a résumé le ministère de l’Économie et des Finances, “les dépenses qui ne sont pas strictement nécessaires sont exclues”, illustrant la sévérité du régime budgétaire en vigueur.
Des effets à long terme encore incertains
Si cette diète forcée a produit des résultats immédiats en termes de réduction du déficit, ses conséquences à plus long terme sur le fonctionnement des services publics et l’économie française restent à évaluer. Plusieurs observateurs s’interrogent notamment sur le caractère soutenable de telles restrictions et sur l’éventuel “effet rebond” qui pourrait survenir une fois un budget normal adopté.
Cette situation exceptionnelle met en lumière les défis que pose l’instabilité politique pour la gestion des finances publiques, tout en soulevant des questions sur l’équilibre à trouver entre rigueur budgétaire et maintien des services essentiels à la population.