Par un journaliste spécialisé Le 17 mars 2025
Les jetons non fongibles (NFT) connaissent une expansion remarquable dans le secteur de la mode, après avoir conquis le monde de l’art. Ces certificats d’authenticité numériques offrent de nouvelles perspectives pour les marques et transforment notre rapport aux objets virtuels.
Une technologie unique au service de l’authenticité
Contrairement à un billet de banque qui peut être échangé contre un autre de même valeur (propriété fongible), les NFT représentent des actifs numériques uniques et impossible à reproduire. Cette technologie, créée en 2017 par l’informaticien américain Dieter Shirley, permet d’attribuer un certificat d’authenticité inviolable à n’importe quel objet virtuel.
Le marché artistique a rapidement saisi cette opportunité, comme en témoigne la vente spectaculaire de l’œuvre numérique “Everydays: The First 5000 Days” de l’artiste Beeple, adjugée pour 69,3 millions de dollars chez Christie’s en mars 2021.
Les marques de mode à l’avant-garde
L’industrie de la mode ne pouvait rester indifférente face à cette révolution. RTFKT, pionnier des vêtements virtuels, a ouvert la voie en février 2021 en récoltant 3,1 millions de dollars en seulement sept minutes grâce à des baskets cryptographiques conçues en collaboration avec l’artiste Fewocious.
Les grandes enseignes ont initialement associé les NFT à des initiatives caritatives. Adidas, en partenariat avec le mannequin Karlie Kloss, a organisé un concours de design sur la plateforme The Fabricant, dont les créations gagnantes ont été transformées en jetons numériques au profit de la fondation Kode with Klossy, qui soutient l’accès des jeunes femmes aux métiers technologiques.
De même, Havaianas a mis aux enchères cinq paires de tongs numériques créées par l’artiste brésilien Adhemas Batista, avec une partie des bénéfices reversée à la Favela Galeria, un musée à ciel ouvert situé dans un quartier défavorisé de São Paulo.
Des applications prometteuses
Les applications potentielles des NFT dans la mode sont multiples. Des croquis de créateurs aux vidéos de défilés, tout pourrait devenir un objet numérique crypté et monnayable. Mais l’approche la plus novatrice consiste à lier produits physiques et NFT: l’achat d’un vêtement réel pourrait s’accompagner de son équivalent virtuel certifié, permettant de l’exhiber dans les univers vidéoludiques ou sur les réseaux sociaux avec une garantie d’authenticité.
Plus pragmatiquement, l’industrie de la mode développe des cartes d’identité numériques sécurisées par NFT pour ses produits physiques. Cette innovation vise non seulement à combattre la contrefaçon, mais également à établir les conditions de futures transactions.
À l’image de l’œuvre de Beeple, dont le code prévoit que l’artiste touche automatiquement 10% lors d’une revente, certains imaginent déjà des accessoires de luxe cryptés générant des revenus systématiques à chaque transaction sur le marché secondaire, fonctionnant comme des redevances perpétuelles sur le style.
Dans un contexte où le marché de seconde main connaît une croissance exponentielle, cette fonctionnalité pourrait révolutionner l’économie de la mode de luxe.