Les entreprises stratégiques de défense : un atout majeur dans le portefeuille de l’État français
Dans un contexte géopolitique tendu marqué par une intensification des dépenses militaires mondiales, les participations de l’État français dans le secteur de la défense connaissent une valorisation spectaculaire. Ces investissements stratégiques, gérés par l’Agence des participations de l’État (APE), représentent désormais une part prépondérante d’un portefeuille évalué à 59 milliards d’euros selon les dernières estimations du 20 février.
Une envolée boursière sans précédent
Les tensions internationales et la nouvelle politique américaine ont provoqué un effet d’aubaine pour l’État actionnaire français. Entre la prise de fonction du président américain Donald Trump le 20 janvier et le 5 mars, l’APE a enregistré une plus-value latente d’environ 13 milliards d’euros, portée principalement par la hausse de ses participations dans trois fleurons industriels :
- Thales, dont le cours a connu une progression fulgurante de 65%
- Safran, avec une appréciation de 11,6%
- Airbus, dont la valorisation a augmenté de 10,8%
Cette tendance n’est pas isolée puisque d’autres acteurs internationaux du secteur, comme l’allemand Rheinmetall ou le japonais Mitsubishi Heavy, bénéficient également de cette dynamique.
Un portefeuille dominé par l’industrie militaire
Depuis la sortie d’EDF de la cote en 2023, le secteur de la défense occupe une place prépondérante dans les participations cotées de l’État français. Les trois champions technologiques que sont Airbus, Thales et Safran représentent ensemble environ deux tiers de la valeur totale du portefeuille de l’APE.
Si l’État détient également des participations significatives dans d’autres secteurs stratégiques, notamment avec Orange, Renault ou Engie, c’est bien l’industrie de défense qui constitue aujourd’hui le cœur de sa stratégie d’investissement boursier.
Des enjeux politiques majeurs
Cette valorisation exceptionnelle survient à un moment particulier où le président Emmanuel Macron alerte les Français sur la “menace russe” et les défis sécuritaires à venir. Dans ce contexte, la question de l’utilisation de cette manne financière devient incontournable.
Alors que les finances publiques sont sous pression et que des efforts considérables sont demandés aux contribuables, le débat pourrait s’intensifier sur l’opportunité de mobiliser une partie de ces ressources pour financer les priorités nationales, y compris le renforcement des capacités de défense françaises.
L’actualité aérospatiale française, avec le premier vol commercial d’Ariane-6 programmé, s’inscrit également dans cette dynamique de souveraineté technologique et stratégique que l’État entend préserver à travers ses participations industrielles.