La première vente aux enchères exclusivement dédiée aux œuvres créées avec l’aide de l’intelligence artificielle chez Christie’s révèle un marché encore hésitant et en phase d’expérimentation.
Par Roxana Azimi
Quelle est la valeur réelle de l’art généré par l’intelligence artificielle (IA) ? La vente intitulée “Augmented Intelligence”, organisée en ligne par Christie’s du 20 février au 5 mars, visait à établir un premier baromètre pour ce segment émergent du marché de l’art. Une trentaine d’œuvres conçues avec l’assistance de l’IA étaient proposées, avec des estimations allant de 1 000 à 180 000 dollars (environ 930 à 165 000 euros).
Les résultats se sont avérés plutôt mitigés. À l’exception de quelques artistes, les enchères sont généralement restées dans la fourchette des estimations initiales. Après quinze jours de vente au rythme assez lent, six œuvres n’ont même pas trouvé acquéreur. Marcus Fox, directeur général de l’art d’après-guerre et contemporain chez Christie’s, relativise ces résultats : “Nous sommes au début du mouvement. Nos collectionneurs les plus traditionnels, qui n’ont pas grandi avec l’IA, ne sont pas encore totalement convaincus. Mais la photographie a également suscité de nombreux débats avant de s’établir comme un marché à part entière.”
Pourtant, en 2018, Christie’s avait créé une véritable onde de choc en propulsant un trio de jeunes artistes français connu sous le nom d’Obvious. Leur “Portrait d’Edmond de Belamy”, œuvre créée avec l’assistance de l’IA, s’était alors vendue pour 432 500 dollars – quarante-cinq fois son estimation initiale !
Parmi les œuvres présentées lors de cette vente récente figurait notamment “Machine Hallucinations – ISS Dreams – A” de Refik Anadol, une vidéo générative pilotée par l’intelligence artificielle qui illustre les nouvelles possibilités esthétiques offertes par cette technologie.