Les tensions transatlantiques accélèrent la quête de souveraineté numérique européenne
Face au retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le débat sur la dépendance technologique de l’Europe envers les géants américains du numérique prend une nouvelle dimension. Nombreux sont les acteurs du secteur qui estiment désormais urgent de réduire cette vulnérabilité stratégique.
Des scénarios qui inquiètent
Dans une réflexion prospective publiée sur LinkedIn, Henri d’Agrain, directeur général du Club informatique des grandes entreprises françaises, a imaginé un scénario où “le 4 juillet 2025, le président Trump signe un executive order avec effet immédiat, interdisant aux entreprises technologiques américaines de délivrer des produits et des services numériques au Danemark.” Bien que hypothétique, cette fiction d’un “embargo numérique” imposé pour faciliter une prise de contrôle du Groenland met en lumière “le caractère systémique des dépendances numériques des États européens” vis-à-vis des Microsoft, Google, Amazon, Apple et Meta.
Une prise de conscience accélérée
La politique commerciale agressive adoptée par le président américain catalyse les réflexions sur l’autonomie technologique européenne. “Tout cela revient sur la table. Nos clients se posent beaucoup de questions sur la souveraineté et sur les évolutions réglementaires”, témoigne Geoffroy Petit, responsable données chez BearingPoint, cabinet européen spécialisé dans la transition numérique.
Yves Nicolas, directeur technique du cabinet Sopra Steria, observe également des “signaux faibles” allant dans ce sens au sein des entreprises, “même en dehors des secteurs publics ou sensibles, comme la défense ou l’énergie”.
Pour Julien Daval, vice-président de l’association de directeurs informatiques Club Décision DSI, “l’élection de Donald Trump constitue un électrochoc. L’autonomie stratégique numérique de l’Europe n’est plus une option : elle est un impératif.”