Budget : à l’Assemblée nationale, la confusion est totale

La France plonge dans une situation de confusion politique et budgétaire. Menacé par le vote de la motion de censure, le Premier ministre Michel Barnier se prépare à déposer sa démission sur le bureau du chef de l’Etat Emmanuel Macron, seulement trois mois après son arrivée à Matignon. L’extrême droite et les membres du Nouveau Front Populaire (NFP) ont confirmé qu’ils allaient voter ce mercredi 4 décembre le texte de la motion de censure déposé par le bloc de gauche à l’Assemblée.

Sauf surprise de dernière minute, le gouvernement devrait rester en poste pour gérer les « affaires courantes » le temps pour Emmanuel Macron de trouver un nouvel exécutif. Le chef de l’Etat a déjà entamé des recherches pour remplacer Michel Barnier mais cela pourrait prendre beaucoup de temps au regard de ce qu’il s’est passé en juillet et août.

Budget : le saut dans l’inconnu de l’après Barnier à l’Assemblée nationale

À la veille du scrutin à l’Assemblée nationale, les scénarios budgétaires esquissés par le groupes parlementaires sont loin de dessiner une politique économique et budgétaire limpide. Plusieurs députés de la droite (Laurent Wauquiez) ou de l’extrême droite (Marine Le Pen) censés intervenir devant les journalistes ce mardi ont même décidé de leur faire faux bond pour privilégier les tractations avant le vote de la motion prévu mercredi.

Entre dramatisation et tentative de rassurer les Français, les députés présents ce mardi ont cependant avancé leurs pions. « Voter une motion de censure reviendrait à plonger le pays dans l’inconnu », ont prévenu les députés et sénateurs du « socle commun » dans un communiqué. Ce qui ne les a pas empêchés de fragiliser le budget du gouvernement tout au long de l’automne, à commencer par les députés EPR emmenés par l’ex-Premier ministre Gabriel Attal.

Pas de censure à LIOT, Horizons réclame un élargissement de la base pour l’après Barnier

Dans le groupe LIOT, les députés « ne vont pas voter la censure » . « La situation de demain ouvre une phase d’incertitudes et redonne au président la possibilité de former un nouveau gouvernement », a rappelé Harold Huwart, porte-parole du groupe. Pour le rapporteur du budget Charles de Courson, « la loi spéciale va permettre de lever l’impôt», rappelle l’élu, même si le budget 2025 n’est pas voté.

Sur l’impôt sur les revenus, « il n’y a pas de revalorisation du barème. La non indexation du barème représente 3,6 milliards de hausse d’impôt et de recettes ». Côté dépenses, « les crédits correspondent à ceux votés en 2024 », ajoute-t-il. Du côté d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, « nous allons continué de demander un élargissement de la base politique car l’objectif à court terme reste la stabilité politique. Nous voulons éviter une crise systémique et une crise financière », a déclaré Laurent Marchangeli, député de Corse.

Confusion à gauche

À gauche de l’échiquier politique, le sentiment de confusion gagne aussi les esprits. Plusieurs députés du Nouveau front populaire ont certes exprimé leur volonté de maintenir cette alliance fragile mais les avis divergent sur la stratégie à adopter après le passage éclair de Michel Barnier à Matignon. Au Parti socialiste, tous les députés ne sont pas favorables à une démission du chef de l’Etat. « C’est au parlement que revient la responsabilité de proposer un projet », a souligné Emmanuel Macron. Dans le camp de la France insoumise, le président de la Commission des Finances Eric Coquerel a plaidé pour une démission du président. « Sur les suites ? non, ça ne va pas être le chaos politique et économique après la motion. Le chaos politique, économique et social est maintenant », a assuré le député de Seine Saint-Denis. L’élu a reconnu que « la question du niveau d’emprunt peut se poser pour la sécurité sociale […] mais il n’y a rien qui s’arrête sur la politique de santé et de la sécurité sociale ». A court terme deux issues s’ouvrent selon le député.« Si le gouvernement tombe, rien n’empêche un nouveau gouvernement de reprendre le PLF 2025 et de l’amender le 18 décembre pour essayer de le faire passer à l’Assemblée. Si c’est un gouvernement démissionnaire, il pourra représenter le même texte mais il y aura un nouveau risque de censure ». Au delà de décembre, « le but est de s’accorder sur un budget rapidement » . Un horizon qui approche à grand pas.