Par Analyse Sociale
La réforme du revenu de solidarité active (RSA) mise en œuvre depuis le début de l’année a profondément bouleversé le quotidien des conseillers de France Travail, l’ancien Pôle emploi. Ce changement structurel majeur, qui impose désormais l’inscription automatique de tous les bénéficiaires du RSA auprès de l’opérateur public, a considérablement alourdi la charge de travail des agents sans que les moyens humains nécessaires ne soient déployés en conséquence.
Depuis le 1er janvier 2025, comme le prévoit la loi du 18 décembre 2023 pour le plein-emploi, près de 1,8 million de personnes supplémentaires doivent être enregistrées et suivies par l’institution. Cette transformation survient dans un contexte particulièrement défavorable: ralentissement économique, augmentation du nombre de demandeurs d’emploi et tensions géopolitiques croissantes, notamment avec la guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump.
L’impact de cette réforme varie selon les territoires, mais le sentiment d’impuissance face à une mission devenue presque impossible semble partagé par de nombreux conseillers à travers le pays. Les syndicats tirent la sonnette d’alarme concernant la détérioration significative des conditions de travail depuis le début de l’année.
Si tous les allocataires du RSA ne sont pas directement pris en charge par France Travail – certains restant suivis par les conseils départementaux, les missions locales ou Cap emploi – ceux qui intègrent l’établissement public nécessitent généralement un accompagnement intensif en raison de leur éloignement du marché du travail. Des conseillers spécialisés, limités à 40 dossiers par agent, sont chargés de ce suivi particulièrement exigeant.
Cette situation met en lumière le décalage croissant entre les ambitions affichées de la réforme et les moyens concrets mis à disposition pour assurer un accompagnement de qualité aux personnes les plus vulnérables face à l’emploi.