La France fait face à un recul de son attractivité économique en 2024

Selon les données présentées par Laurent Saint-Martin, ministre délégué au commerce extérieur, l’année 2024 a été marquée par une diminution notable des investissements étrangers en France. Les chiffres officiels, révélés le mardi 4 mars et issus du rapport annuel de Business France, montrent une contraction de 7% des décisions d’investissements internationaux, totalisant 1 688 projets sur l’année écoulée.

Plus préoccupante encore est la chute significative des promesses d’emplois associées à ces investissements, avec un repli de 36% par rapport à l’année précédente. Cette situation reflète les défis économiques auxquels la France a été confrontée au cours de l’année dernière.

Un contexte national et international défavorable

Plusieurs facteurs expliquent ce déclin de l’attractivité française :

  • L’instabilité politique interne : 2024 a été une année particulièrement mouvementée avec quatre changements de gouvernement, une dissolution de l’Assemblée nationale en juin, l’adoption d’une motion de censure contre le gouvernement Barnier en décembre (la première depuis plus de soixante ans), et un retard significatif dans l’adoption du budget 2025.
  • Un environnement économique mondial incertain : Le ralentissement économique observé dans de nombreux pays a contribué à créer un climat d’attentisme chez les investisseurs.

La Chambre de commerce américaine en France (AmCham) confirme ces observations dans son propre rapport publié le même jour. Selon une enquête menée auprès de 151 entreprises américaines représentant plus de 95 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 220 000 employés en France, la perception du pays s’est détériorée. En 2024, seulement 36% des investisseurs américains jugent la France comme ayant une bonne attractivité et 3% comme excellente, contre respectivement 45% et 7% en 2023.

Des raisons de rester optimiste

Malgré ces données préoccupantes, Laurent Saint-Martin tient à nuancer le tableau :

“La baisse du nombre de projets est plus faible que chez nos voisins européens. Nous restons largement au-dessus des niveaux pré-Covid, ce qui démontre que la France demeure un pays très attractif pour les entreprises étrangères,” affirme-t-il.

Concernant la chute des promesses d’emploi, le ministre appelle à “remettre ce chiffre en perspective après des années 2022 et 2023 post-Covid exceptionnelles,” soulignant que cette tendance s’observe également dans les pays voisins.

Pour 2025, le ministre se veut résolument optimiste : “Les premiers signaux de l’année sont extrêmement bons et nous confortent dans l’idée que l’incertitude et l’attentisme des investisseurs sont désormais largement derrière nous.”

Des défis à venir avec la politique commerciale américaine

Si la stabilité politique intérieure semble revenir depuis l’adoption du budget début février 2025, le contexte international reste préoccupant, notamment avec la politique commerciale agressive menée par Donald Trump.

Le président américain, après avoir annoncé des mesures contre la Chine, le Canada et le Mexique, pourrait également cibler l’Europe, ce qui risquerait de freiner davantage les investissements américains en France.

Face à cette menace, Laurent Saint-Martin adopte une position ferme : “Les hausses de droits de douane décidées par Donald Trump auront des impacts négatifs pour tout le monde, d’abord aux États-Unis,” prévient-il, en ajoutant que “l’Europe est prête à riposter.” Le ministre justifie cette posture en expliquant que “si vous montrez de la faiblesse face à Donald Trump, vous risquez de perdre encore plus.”

La France se trouve donc à un moment charnière où elle doit à la fois restaurer pleinement son attractivité économique interne et faire face aux défis d’un environnement international de plus en plus imprévisible.