Face aux mesures protectionnistes radicales imposées par Washington, plus de cinquante nations cherchent des compromis pour atténuer l’impact des nouvelles taxes douanières américaines. Malgré la panique sur les marchés mondiaux, l’administration Trump reste ferme sur sa position.
Une stratégie commerciale inflexible malgré les turbulences financières
Le président américain Donald Trump a maintenu dimanche sa position intransigeante concernant les droits de douane imposés à l’ensemble de ses partenaires commerciaux, et ce malgré les fortes secousses enregistrées sur les marchés financiers mondiaux. Selon Scott Bessent, ministre des finances américain, “plus de cinquante pays ont approché le gouvernement américain pour discuter d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs taxes à l’importation et pour cesser leurs manipulations monétaires”.
Le chef d’État républicain, dont les récentes décisions ont provoqué une chute spectaculaire des bourses mondiales, accuse les partenaires économiques des États-Unis de “piller” l’économie américaine. Pour remédier à cette situation, il a instauré une taxe douanière universelle de 10% sur toutes les importations américaines, effective depuis samedi dernier. Ce taux sera significativement augmenté dès mercredi pour plusieurs partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%).
“Nous souffrons de déficits commerciaux massifs avec la Chine, l’Union européenne et de nombreux autres pays”, a déclaré Donald Trump sur son réseau social Truth Social. “La seule solution pour résoudre ce problème réside dans les droits de douane, qui rapporteront des dizaines de milliards de dollars aux États-Unis. C’est magnifique.”
Des réactions immédiates à l’échelle mondiale
La riposte internationale ne s’est pas fait attendre. Pékin a immédiatement annoncé vendredi des mesures de rétorsion avec ses propres droits de douane. Du côté européen, les dirigeants ont multiplié les consultations pendant le week-end, avant une réunion cruciale prévue lundi à Luxembourg, où les ministres du commerce extérieur de l’UE élaboreront “la réponse européenne aux États-Unis”.
Le premier ministre britannique Keir Starmer a résumé la situation en des termes sans équivoque : “Le monde tel qu’on le connaissait a disparu”, soulignant ainsi la profonde remise en question de l’ordre commercial mondial.
Des négociations qui s’annoncent longues
Le secrétaire général du parti communiste vietnamien, To Lam, a sollicité un délai d'”au moins 45 jours” avant l’application des droits de douane de 46% sur les exportations vietnamiennes vers les États-Unis. Ce report permettrait, selon lui, aux deux nations de “parvenir à un accord le plus rapidement possible”.
Scott Bessent a toutefois tempéré les attentes en précisant que “ce type de négociation ne peut aboutir en quelques jours ou semaines”, laissant entendre que ces taxes pourraient rester en vigueur pendant plusieurs mois au minimum.
Kevin Hassett, principal conseiller économique de la Maison Blanche, a affirmé que les pays ayant proposé d’entamer des discussions “le font car ils comprennent qu’ils supporteront une grande partie de ces droits de douane”. Il s’oppose ainsi à l’idée selon laquelle ces nouvelles taxes pénaliseraient principalement l’économie américaine, bien qu’il ait reconnu la possibilité d'”augmentations de prix”.
Des conséquences économiques préoccupantes
Malgré l’optimisme affiché par l’administration Trump, la majorité des économistes prévoient que ces nouveaux droits sur les produits importés entraîneront une accélération de l’inflation et freineront la consommation aux États-Unis.
Interrogé sur l’absence de la Russie dans la liste des pays taxés, le conseiller économique a évoqué les négociations en cours concernant la guerre en Ukraine. “Je pense que le président a décidé de ne pas mélanger ces deux questions”, a-t-il expliqué. La Maison Blanche avait précédemment indiqué que des pays comme la Corée du Nord ou la Russie n’étaient pas concernés car ils font déjà l’objet de sanctions américaines, bloquant tout commerce significatif.
La rencontre prévue lundi entre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et Donald Trump à Washington abordera notamment la nouvelle taxe douanière de 17% que les États-Unis prévoient d’imposer à Israël.
Alors que les marchés financiers anticipent une nouvelle chute de Wall Street lundi, après deux plongeons consécutifs jeudi et vendredi, Peter Navarro, conseiller au commerce du président, a tenté de rassurer les investisseurs en déclarant : “On ne peut perdre de l’argent que si on vend. Actuellement, la stratégie intelligente est de ne pas paniquer.”