La secrétaire générale de la CFDT monte au créneau. Ce mardi, Marylise Léon a réclamé la tenue rapide d’une « concertation sur l’emploi », tout en soulignant la « période d’incertitude institutionnelle », montée d’un cran la veille, avec le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement.
« Il faut organiser rapidement une concertation sur l’emploi », a ainsi plaidé la responsable du syndicat français lors d’une conférence de presse. Pour appuyer son propos, elle a indiqué avoir recensé rien que sur le mois de novembre « un peu plus de 20.000 suppressions d’emplois », avec « des restructurations qui se font à bas bruit », et qui ne concernent pas seulement l’industrie .
Des idées pour mieux « protéger les salariés »
Accompagnée de représentants de Michelin et Auchan , entreprises ciblées par des plans sociaux, elle a présenté une série de propositions. Objectif affiché, « protéger les salariés ». Elle a notamment assuré qu’il fallait créer « rapidement » un dispositif « plus simple et plus efficace » de reconversion.
Avec la possibilité d’être mis en place « avant la rupture du contrat de travail ». Cela pourrait prendre la forme d’un dispositif d’activité partielle longue durée (APLD), qui « puisse faire l’objet d’un accord d’entreprise ». Autre idée ? Une « assurance transition emploi européenne » pour couvrir « le gros risque » de la perte d’emploi.
Interrogée sur le risque de chute du gouvernement menacé par la censure mercredi, elle a jugé que ce ne serait « pas une bonne nouvelle » pour les salariés.
« Sans me prononcer sur le bien-fondé ou pas d’une motion de censure (…) concrètement ce que ça veut dire pour les salariés, c’est que leurs problèmes passeront après, et que politiquement on repart dans une nouvelle période d’instabilité qui fait que leurs sujets ne seront pas prioritairement traités », a estimé Marylise Léon.
Confiante sur l’assurance chômage
En parallèle, la responsable syndicale s’est voulue confiante sur le sort des accords sur l’assurance chômage et sur l’emploi des seniors, conclus mi-novembre. « L’accord assurance chômage a fait l’objet d’une acceptation politique par la ministre » du Travail. Il est donc dans « un processus administratif d’agrément », a-t-elle affirmé. En clair, même en cas de censure du gouvernement, l’accord pourrait être agréé par décret par un gouvernement en « affaires courantes ».
« En ce qui concerne l’accord seniors qui doit faire l’objet d’une transposition (dans la loi, ndlr), le gouvernement actuel s’est engagé à une transposition, je souhaite que s’il y a un autre gouvernement, il fasse de même », a-t-elle ajouté. La transposition pourrait aussi se faire via une proposition de loi « s’il y a une forme de flou gouvernemental », a jugé le négociateur Olivier Guivarch.
L’alerte de Sophie Binet sur la « saignée industrielle »
Mercredi dernier, dans une interview aux Echos , la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a elle aussi alerté sur une « accélération très forte de la dégradation de la situation » en matière de plans sociaux. Tout particulièrement dans l’industrie tricolore.
Alors qu’elle parlait début novembre de près de 200 plans sociaux et 150.000 emplois menacés par une « violente saignée industrielle », Sophie Binet a évoqué désormais « près de 250 plans de licenciements en préparation, concernant entre 170.000 et 200.000 emplois », dans cet entretien.
Ce décompte concerne des secteurs en crise comme l’automobile et l’aérospatial, mais aussi la grande distribution, selon la cheffe de la centrale syndicale. « Ces plans ont lieu surtout dans les grandes entreprises, les restructurations risquent d’avoir des conséquences sur les petits sous-traitants, beaucoup plus nombreux », a aussi averti Sophie Binet.