Près de 120 rassemblements pour l’emploi et l’industrie attendus ce jeudi

Dans les grandes entreprises (Auchan, Michelin , Vencorex, PPG…), chez des sous-traitants ou dans de petites structures, les suppressions de postes se multiplient, touchant des secteurs aussi variés que la métallurgie, le commerce, le secteur public, les banques, ou encore la chimie. Au 27 novembre, la CGT avait recensé 286 plans sociaux . Elle en dénombre aujourd’hui 300, soit jusqu’à 300 000 emplois menacés ou supprimés, selon les données du cabinet Altares.

Dans ce contexte, la centrale de Montreuil appelle à des actions sur tout le territoire « pour défendre l’emploi et l’industrie ». Ces initiatives locales, allant des rassemblements aux manifestations devant les entreprises et les préfectures, concernent près de 80 départements. La CGT réclame notamment un moratoire sur les licenciements.

Cette journée « sera une journée de convergence avec la grève des cheminots contre le démantèlement du fret ferroviaire, et celle des fonctionnaires réclamant un budget à la hauteur des besoins sociaux » , a déclaré Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, à l’AFP. Elle a également encouragé, dès fin novembre, « les salariés à se mettre en grève et à occuper leurs usines pour empêcher les licenciements ».

Pour la CGT, cette mobilisation sonne comme une alerte sociale adressée au futur gouvernement. « Le mois de décembre s’annonce rouge, et ce n’est pas le rouge du Père Noël » , a prévenu Sophie Binet. Cependant, des doutes subsistent quant à la mobilisation : « C’est compliqué de se mobiliser lorsqu’on sait qu’on n’a pas d’interlocuteurs en face », confie une source syndicale.

Une intersyndicale divisée sur les stratégies

Le premier rassemblement a débuté dès 6h ce jeudi devant la gare d’Aurillac (Cantal). À Toulouse, une manifestation est prévue au départ de Thales Alenia Space à 10h, tandis que des rassemblements se tiendront à la même heure à Marseille (gare Saint-Charles) et Nantes (préfecture). En Isère, un rassemblement est également annoncé devant la préfecture de Grenoble à 11h, alors que Sophie Binet se rendra aux Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan).

Toutefois, l’intersyndicale reste divisée. Si Solidaires et la FSU participent, Force ouvrière s’est limitée à un soutien local aux initiatives. À Paris, une manifestation partira à 14h de la place de la Bastille. À la SNCF, seuls les syndicats CGT-Cheminots et SUD-Rail appellent à la grève, demandant un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et critiquant l’ouverture à la concurrence des lignes régionales. Cependant, le trafic des TGV devrait rester « normal », avec seulement de légères perturbations sur les trains régionaux.

Les salariés du jeu vidéo se mobilisent également

Pour la première fois, les salariés du secteur du jeu vidéo rejoignent la mobilisation. Au studio parisien Don’t Nod, un piquet de grève est prévu à 14h devant les locaux. L’entreprise, en difficulté financière, prévoit de supprimer 69 postes, soit près de 20 % de ses effectifs en France.

« Se battre pour Don’t Nod, c’est aussi se battre pour l’industrie française » , affirme un membre du syndicat des travailleurs du jeu vidéo (STJV). Ubisoft , autre acteur majeur du secteur, est également dans la tourmente.

Après un semestre financier décevant et des tensions autour du télétravail, le géant français fait face à des rumeurs de rachat. Lundi, les syndicats ont dénoncé « un dialogue de sourds préoccupant » autour des négociations sur le télétravail, qui ont mené à une grève en octobre – la deuxième de l’année -, mobilisant près de 1 000 salariés, sur les 4 000 en France.Les manifestations agricoles s’essoufflent

Les manifestations d’agriculteurs, qui avaient repris avec force à la mi-novembre en France , se tassent devant la vacance gouvernementale. Les autorités ont recensé mercredi matin huit actions dans autant de départements mobilisant plus de 400 agriculteurs avec une centaine de tracteurs. Une participation bien éloignée de celles des premiers jours de la mobilisation à la mi-novembre, quand l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) avait organisé des actions dans la plupart des départements.

La chute la semaine dernière du gouvernement de Michel Barnier s’est traduite par une mue de la mobilisation, au profit d’actions de protestation devant des permanences de députés, qui ont été murées, peinturlurées ou visées par des déversements de fumier. Elles ont surtout ciblé des députés du Nouveau front populaire (NFP) – dont l’ex-président et député de Corrèze François Hollande -, et du Rassemblement national (RN) qui ont voté la censure du gouvernement la semaine dernière. Les agriculteurs considèrent que la censure a suspendu la concrétisation des promesses faites aux syndicats depuis les grandes manifestations de l’hiver dernier.