Par Claire Dubois
La situation internationale marquée par les tensions commerciales suscite une vive préoccupation parmi les entreprises exportatrices des Hauts-de-France. Lors d’une rencontre organisée jeudi dernier à Lille, une cinquantaine de dirigeants d’entreprises ont pu partager leurs inquiétudes avec le ministre du commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.
Les conséquences des nouvelles politiques douanières américaines et la concurrence chinoise figurent au premier rang des préoccupations exprimées par ces entrepreneurs régionaux, dont beaucoup voient leurs projets de développement international paralysés par l’incertitude.
Pour l’entreprise Pâtisserie des Flandres, qui exporte 22% de sa production dont 40% vers les États-Unis, la situation est particulièrement délicate. “Nous avions développé de nouveaux produits spécifiquement pour le marché américain, mais actuellement tous nos projets sont complètement suspendus,” explique Stéphanie Potdevin, responsable export de cette entreprise familiale. Elle précise que dès décembre dernier, anticipant l’arrivée au pouvoir du nouveau président américain, leurs clients ont considérablement augmenté leurs commandes par crainte des futures hausses de droits de douane.
Un phénomène similaire a été observé par Augustin Motte, PDG de Lucullus, spécialiste des confitures haut de gamme : “Habituellement, nous expédions dix conteneurs sur l’année entière. Ces derniers mois, nous avons atteint ce volume en seulement deux mois.” Mais cette accélération temporaire des commandes masque une inquiétude plus profonde concernant l’avenir. “Nos clients américains demandent déjà une révision de nos prix,” ajoute-t-il, évoquant l’incertitude qui règne dans son secteur où “tout le monde est dans l’attente.”
La principale préoccupation concerne le niveau auquel se stabiliseront les droits de douane imposés par Washington sur les produits européens, actuellement fixés à 10%. “Personne ne sait réellement à quoi s’attendre. Seront-ils maintenus à 10% ou grimperont-ils jusqu’à 20% ?” s’interroge Augustin Motte, reflétant l’inquiétude générale des exportateurs de la région.
Cette situation de flottement affecte directement les stratégies commerciales et d’investissement des entreprises locales, contraintes d’adopter une position attentiste face à des marchés internationaux de plus en plus imprévisibles.